Violence sexuelle en Afrique : Des tendances à inverser

25 MaySexual Violence in Africa: Reversing the Trends (available in English and French)

Pour célébrer la Journée de l’Afrique 2016, trois Lauréats du Prix Nobel Alternatif originaires d’Afrique font entendre leurs voix afin de renverser les tendances actuelles de la violence sexuelle sur le continent.

Comme l’Organisation Mondiale de la Santé le dénonce, « Au niveau mondial, presqu’une femme sur trois (35%) a déjà été victime de violences physiques et/ou sexuelles de la part de son partenaire intime ou de violences sexuelles de la part d’une autre personne”. La situation est particulièrement inquiétante en Afrique, où presqu’une femme sur deux (45,6%) affirme avoir subi des violences sexuelles conjugales et/ou de la part d’un partenaire autre que son conjoint.

La première étape pour lutter contre la violence sexuelle est la connaissance, comme l’avocate et Lauréate du Prix Right Livelihood Jacqueline Moudeina l’a démontré en documentant les atrocités commises sous le régime de l’ancien dictateur Hisséne Habré au Tchad. Le viol était parmi les crimes dévoilés par le procès au Sénegal – toujours en cours, et dont le verdict est attendu pour le 30 mai : « L’une des choses les plus difficiles et douloureuses pour une femme est de dire « J’ai été violée ». Ces femmes ont partagé des détails dont elles n’avaient pas parlé pendant plus que 25 ans. Ça s’appelle avoir du courage », a déclaré Jacqueline Moudeina.

La Lauréate somalienne Asha Hagi Elmi, co-fondatrice et présidente de Save Somali Women and Children, s’est battue contre la violence sexuelle dans son pays, en donnant une voix à ses femmes : pendant le processus de réconciliation nationale, elle a crée le « Sixième Clan », entièrement composé de femmes. Comme elle l’explique : “dans tous les conflits armés, les femmes et les enfants sont les premières et les dernières victimes de la guerre, même si la guerre n’est ni leur désir, ni leur décision. Les femmes ont été tuées, violées, torturées et déplacées.” Asha Hagi Emi a aussi été présidente du Comité national somalien sur les mutilations génitales féminines (MGF) et les pratiques traditionnelles dangereuses, la Somalie ayant le pourcentage le plus élevé (98%) de filles et femmes ayant subi une MGF pendant les 10 dernières années. Cependant, il est encourageant de constater qu’à ce jour, 24 des 54 pays d’Afrique ont inscrit dans leurs lois l’interdiction de la pratique des MGF.

A l’hôpital de Panzi, le Lauréat Denis Mukwege a traité plus de 45 000 femmes qui ont été violées en République Démocratique du Congo. En se battant pour faire reconnaître internationalement le viol comme “arme de guerre”, le docteur Mukwege pointe du doigt les hommes : “Pendant les 100 dernières années, les femmes se sont battues pour avoir beaucoup de droits qu’elles n’avaient pas et il y a eu d’énormes progrès. Aujourd’hui la grande question qu’il faut se poser est la suivante : Les hommes ne devraient-ils pas eux aussi faire un effort pour le 21ème siècle, ne serait-ce que le fait de changer leur mentalité ?

Même si la violence sexuelle et les MGF en Afrique sont loin d’être éradiquées, ces Lauréats montrent qu’il est possible d’inverser les tendances en travaillant avec les médias et la communauté internationale pour faire la lumière sur ces crimes, et ainsi donner une voix à toutes ces femmes qui ont choisi de parler et d’intervenir afin d’y mettre fin.

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